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S'asseoir au bord du monde
27 janvier 2020

Corps en cage.

corps

(Photographie ©PavillonNoir 2020)

Nous sommes des corps en lutte. Soyez bien sages, soyez bien lisses.
Et la rose pleines d’épines au bûcher. Tu es Marguerite, jolie marguerite, tu es Marie. Marie-couche-toi là.

Là où le plaisir n’a qu’un seul sexe. Le tien est à peine reconnu par la science.
Nous sommes des corps en lutte. Rentre ton ventre, et cambre toi.
Et la grosse, cache toi.
Nos corps luttent. Gaines, corsets, corps serrés.
Nos corps buttent. Jambes croisées, ne pas montrer.
Nos corps buttés. Aux femmes violentées, aux femmes assassinées, le monde indifférent.

Nous luttons pour nos corps, nos corps dehors, en proie à l’espace public, public à demi public, public pour un mâle publique. Tu n’es pas légitime, femme. Tu n’existes que dans les pubs qui font allégeance aux aliments allégés. On ne pense pas à toi, on pense à ton poids. Ta forme, ton apparence, ton tour de hanche. Anche de leur instrument. Leur instrument. Leur musique. Nos cris.

Nous sommes des corps en lutte. Pour n’être pas que des corps. Enfant tu seras adulte pour leur plaisir, adulte tu resteras enfant pour leur pouvoir. Petite sotte. À la première ride, tu n’es plus qu’une fleur fanée, vieille sorcière. Sois une bonne mère. Puisque tu n’es qu’un corps, que même la culture ne veut pas de ta voix, sois une bonne mère. Prends soin d’eux. Je crois que tu as oublié de prendre soin de toi. Oublié. Obligée. Ou pliée. Détachée de toi, détournée, empêchée. Qui étais-tu? Toi qu’on a tût.

Que dit ton corps qui a tant lutté? L’entends-tu?

Nous sommes encore en lutte. Dans l’épais brouillard des injonctions, dans ces peurs qui sont des prisons, ces hontes charnelles qui nous tapent à l’épaule. Nous sommes encore en lutte à briser les carcans, un à un. En lutte pour que nos silences se taisent. En lutte pour que nos voix se mêlent, nos voix qui sont colère, nos voix qui sont jurons, pour que ça devienne beau dans nos bouches de femmes, et que ce sentiment d’être tout ce que nous ne sommes pas se démêle. Pour que nous soyons.

Je ne suis pas ce qu’ils ont voulu que nous soyons, toutes. Aucune d’elles ne l’est.

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