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S'asseoir au bord du monde
12 novembre 2019

Sous ton grand manteau.


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(Feutre - ©PavillonNoir 2019)

Sous ton grand manteau je vois bien qu’il pleut.
Le ciel y est noir, sombre et surchargé
De silences tout opaques et nébuleux
T’as l’espoir tout maigre, le rêve décharné
T’as l’œil crachin et le sourire vitreux
Sale temps pour ton sommeil fatigué

Sous ton grand manteau souvent il vente.
Et tu remues les bras contre l’amer
Parfois pour redire les vagues tu chantes
Mais l’écume des jours te noie sous sa mer
T’as comme les poumons bouffés d’amiante
Et tu bois la tasse dans des bouteilles en verre

Sous ton grand manteau faut l’dire c’est l’hiver.
T’as si froid que tu grelottes plein de mots
Pour t’allumer un feu tu récites des vers
Tu dis les nuits, tu Dimey, ça tient chaud
Tu litotes ou t’anaphores d’vant ta bière
Et tu le vois pas mais ça rend le monde plus beau

Sous ton grand manteau, y’a tout un tas de non.
Des non-dits, des non-retours, des non-sens
Et t’es tenu en joue sous le canon
D’un tas d’histoires qui taisent leur violence
Alors tu choisis la plume en prête-nom
Comme une arme chargée contre les silences

Sous ton grand manteau y’a le monde qui crie.
T’as des journaux froissés tout plein les poches
Et parfois pour pas en pleurer t’en ris
De ces encravatés à la téloche
Qui refont le monde pour y mettre un prix
En draguant l’immonde bruit d’bottes qui s’rapproche

Sous ton grand manteau t’empiles des tas d’livres.
Toi le pirate au trésor plein de pages
T’as bu des romans jusqu’à en être ivre
Parfois t’en récites le cœur plein d’hommage
Pour des auteurs qui t’ont fait survivre
Aux barreaux froids de tes nombreuses cages

Sous ton grand manteau, j’aime m’y glisser
C’est doux comme le sourire de la lune

C’est comme de plonger dans l’alphabet
Et quand mes doigts dansent sur ta barbe brune
Et que tes lèvres me déposent un baiser
Ce sont mes nuits qui redeviennent diurnes

Sous ton grand manteau, dis fais moi une place.
On peut en faire une cabane des tendres
Ça nous rendra le monde moins dégueulasse
Puisqu’tout est foutu, que tout est à pendre
Soit, autant être deux pour y faire face
Avoir tes yeux pour faire la nuit se fendre

Sous ton grand manteau on y fait l’amour.
Un peu pour fuir mais surtout pour s’aimer
On s’y raconte des histoires qu’on savoure
Et on y grimpe à deux des escaliers
Pour qu’après la nuit vienne enfin le jour

Sous ton grand manteau c’est ensoleillé.

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