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S'asseoir au bord du monde
4 avril 2018

[ Un printemps pour Mémé ]

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  On ne peut pas tout le temps composer avec la vie. On joue la partition, et parfois les mains dérapent sur le clavier. Ça sonne faux. Et ce soir, je me dis: voilà bien un printemps étrange. Tout, tout autour de moi, est en train de renaître. Les arbres reverdissent, les bourgeons s'arrondissent, les bourdons ressortent de leur hiver, et les oiseaux piaillent de drôles de vers, poètes des cimes. Tout recommence à devenir plus coloré, plus intense, plus vivant. Et en dehors de cette bulle de vie qui gazouille et pétille, l'étrange. Extraneus, extra, hors, dehors. Mémé s'en va. Et il fait si beau. Ça n'a aucun sens. L'absurde.
On ne peut pas composer avec la vie sans composer avec la mort. On est juste tellement en vie parfois qu'on en oublie ses lois. Immuables. C'est pourtant un beau-mot, immuable. Et vraiment, c'est trop étrange. Mémé va peut-être partir, et les fleurs vont fleurir. Mémé va peut-être fermer les yeux et les doux rayons du soleil chercheront à caresser sa joue. Mémé va peut-être entrer dans un long repos, et la vie entière tout autour va se réveiller et se lever sur ses jambes-racines, et entamer la farandole. Est-ce que les gens partis dansent encore? Alors ce sera une valse, s'il vous plaît, à l'accordéon. Pour Mémé.

Et puis les étoiles, j'irai les rallumer toute seule. Faut dire qu'à deux sur l'échelle qui grimpe dans le ciel, on risque de tomber. Et j'ai vraiment, vraiment pas envie de tomber. J'ai l'palpitant fatigué d'tomber.

Et y'en aura bien une rien que pour elle, d'étoile.

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