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S'asseoir au bord du monde
4 septembre 2022

Tout s'est offert à la nuit.

 

nuit


(image ËLSAH ART )

 

*


Chaque nuit vient comme une mâchoire
Mordre le mental qui tourne, petit manège
Et tire le grand rideau noir
Comme à l’hiver, le blanc manteau de neige.

Je ne pleure pas votre absence
Là, sous les paupières ouvertes
Mais toujours cette présence
Qui se rappelle à moi, perdue, inerte.

J’attends, sous une couverture de silences
La tête posée contre le monde bruyant
De retrouver l’élan, le seul pas de danse
Pour s’échapper d’une valse d’avec le néant.

L’irrémissible me berce et me couve
La faute est froide comme ses barreaux
Elle s’agrippe aux songes, à pas de louve
S’immisce dans ma gorge à coups de crocs.

Puis le jour, un jour, s’est fait nuit
Après la nuit, après la nuit plus de jour
Le grand rideau, changé en habits
Portés pour l’hiver de nos amours.  

Je me vêtis le jour de nuit,
Et laisse filer le temps
Une horloge cassée sous mon lit
Et l’aube, éreintée, grinçant des dents.

Le linge mouillé de cauchemars
Sent l’amertume de la fumée
À l’horizon, s’est éteint le phare
Des douceurs de la matinée.

L’aube est nuit,
Le rêve est nuit,
Le corps est nuit,
L’ennui même est nuit,
Le silence est nuit,
Le cri est nuit,
La paupière ouverte, la paupière fermée,
La bouche qui dit, la bouche qui tait,
Le tremblement des absences
Et la morsure de l’existence:

Tout s’est offert à la nuit.




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