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S'asseoir au bord du monde
14 octobre 2012

L'âge d'or.

 

stoi ladulte



On avait dit qu'on deviendrait jamais grands. Que les adultes devraient rester enfants. Et puis toi tu me dis que c'est l'âge d'or. Que j'ai la vie devant moi, et le monde à conquérir. Que c'est l'âge de liberté totale, que toutes les portes me sont ouvertes, qu'il me reste cinq années avant d'être coincée. Et moi je réponds que je suis pas d'accord, et que le monde je veux le conquérir avec toi. Maintenant et dans cinq ans.
La société elle dit qu'après on a plus le choix. Que justement, faut en faire un avant que la porte se verrouille. Et de concert, nous on lui répond: "je t'emmerde". Et on se resserre un verre pour trinquer à la vie. Et on se sert l'un contre l'autre, comme si on avait des supers-pouvoirs, et que collés comme ça, ils s'raient encore plus puissants. Et puis y'a dame la Mort qui essaye de s'incruster sur le bord de l'oreiller. Elle nous met des p'tits coups, et ça nous pique les yeux. Et moi je te chuchote que cette connasse, ben elle m'effraie pas. Que j'ai juste peur qu'elle me vole les gens que j'aime, mais que me prendre moi, je m'en fiche pas mal. Ça t'étonne, tu me dis que tout le monde a peur d'elle, et je me dis que c'est ptete l'âge d'or qui me fait dire ça. Ou ptete pas.  On se dit que la société c'est une catin, parce qu'elle a fait de nous des muets du sentiment. Qu'elle nous a volé la parole, qu'on ne sait même plus dire aux gens combien on les aime. Qu'elle nous a éloigné de nos aïeux, mais qu'au fond, on peut pas tout lui remettre sur le dos, et que c'est à nous de faire en sorte que. Et on y arrive pas. Parce qu'on a 'pu la bonne clé.


Y'a les copains qui sont venus, et on a laissé des morceaux de sourire sur le bord des verres qu'on avait sucré avec du sirop. Tout à l'heure, quelqu'un m'a écrit qu'il fallait surtout profiter de chaque petit moment simple, ceux qu'on partage avec l'amitié et la famille. Que y'en avait toujours un de planqué dans la forêt sombre de la vie, et j'y ai répondu que dans cette partie de cache-cache, je trouverai les cachettes sans problème. Parce que je sais que c'est ça le bonheur. Et pas ce qu'on veut bien nous faire croire. Et hier en faisait partie. Juste de les voir eux, se marrer comme des coings et lever leur verre à ma santé, et moi dans ma tête je leur disais "à vous surtout", pour tout ce que vous m'avez déjà apporté. Et puis me coller contre toi dans la nuit et t'écouter parler, sentir mon cœur faire des petits bonds et me laisser partir, laisser mon âme te prendre la main.

Et puis raconter l'histoire des étoiles, se sentir infiniment petit, et moi j'sentais surtout l'amour que j'ai pour toi, comme l'infiniment grand. Big bang. Même que quand tu partiras dans l'espace, je me ferai cryogéniser juste pour t'attendre. Juste pour que tu me racontes que les arbres étaient bleus.  


Un, deux, trois, soleil. Et un dimanche pluvieux. Mais je sais que le soleil est là, caché sous un rideau de nuages gris. Comme toujours.

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