Au suivant.
L'ambiance kafkaienne se répand sur les murs, le sol, le plafond, et vient frôler mes pieds. Un gosse tient un ballon et le regarde flotter légèrement sans faire de bruit. Ils attendent. J'attend. On attend. Les mêmes personnes font des allers-retours, perdus entre les nombres, les bureaux, les bonnes portes à trouver. Labyrinthe. Il y a dans certains regards de la fatigue, dans d'autres du désemparement, et parfois à la limite de la peur. Il fait chaud. Une taupe passe, de ces taupes qui ne semblent jamais voir le jour et dont la peau trahie le manque de lumière. Une taupe à lunettes. Un enfant pleure. Puis deux. On s'agite. Il fait chaud. Numéro 247. Quelqu'un demande à un de ces numéros un renseignement. Il se dirige vers une drôle de machine qui lui vomit ce bout de papier. Numéro 248. Il manque au décor le néon qui papillonne et le bruit des mouches. Le ballon éclate. Il fait chaud. Numéro 251. Une jeune fille traduit en chinois à sa mère: il manque ceci, il faut cela. L'enfant pleure son ballon. Numéro 252. Une rangée de numéros, assis, debout, accroupis, attend. On dirait un code barre. Des Hommes et des numéros. On m'appelle. Paperasse. Et mon index encré sur un bout de feuille. Je rate, mains moites. Je recommence. Le dossier est complet, revenez dans trente jours récupérer le bout de plastique qui atteste que vous êtes bel et bien née tel jour à tel endroit, que vous ressemblez à ça et que vous êtes citoyenne française. Au suivant.
Bonjour, et bienvenue dans les limbes de l'administration française. Veuillez prendre un ticket.