Qu’est ce qu’il faut faire de tous ces mondes en nous?

Qu’est ce qu’il faut faire de ce monde qui sans cesse nous place, nous amasse, nous entasse, nous bidasse, nous fais tourner en barrique à boire vingt et cent litres de détresse, de tracasse, tout en refusant le seul fait d’exister à celles et ceux qui eux, se déplacent?
Qu’est ce qu’il faut faire de ce monde qui court toute la journée, qui s’esquinte, qui se casse-tête, qui se sex-tape, qui se technise, qui s’enlise, et pleure toute la nuit, les rêves planqués sous l’oreiller?
Qu’est ce qu’il faut faire de ce monde qui nous fait grincer des dents, danser la mort, mordre nos chagrins, grêler nos cieux, graver nos propres tombes et tout repeindre en gris, jusqu’à refuser même de faire des enfants?
Qu’est ce qu’il faut faire de ce monde qui nous dicte des lois qui nous enferment, nous freinent, nous torture, nous gégène, mais qui libèrent les petits rois, ce monde qui se glisse sous nos peaux comme du poison, nous traque et nous flique , sécuritaire à foison, nous commerce, nous exhibe, offense nos intimes, offert au plus offrant comme sur le marché, le plus frais des poissons poisseux, jusqu’à bientôt revendre, à l’autre bout de la galaxie les propres trous de nos oripeaux?
Qu’est ce qu’il faut faire de ce monde qui balbutie ses enfers, en se croyant paradis, qui torpille et qui enferme celles et ceux qu’ont pas un radis, qui s’acharne à creuser des charniers dans le creuset sans horizon de nos humanités, orphelines et mises aux fers?
Qu’est ce qu’il faut faire de ce monde qui ne crée plus que pour amuser les galeries, qui rabâchent des contents et des pour riens, des guignols sans galère, à la mèche trop blonde, et au front trop lisse, qui miment du faux, du factice, du factieux, matraque en main, sans soucis et sans sourcils en point d’interrogation, en question pour demander à la vie, des ersatz du soi noyés dans le grand théâtre souillé, des plateaux et des banquets qui dégueulent de la guimauve couleur gradin, des experts et des pépères qui jouent à la vérité sur la tombe entrouverte de la pensée, où les roses se fanent et où les fantômes eux, crient.

Et puis, qu’est ce que je vais faire de mes mondes, mes mondes à moi, mes mondes d’émois, qui moisissent sous la surface du temps, en allers sans retour vers le néant, mes mondes qui me grattent, qui me griffent, qui me grondent, qui me punissent, qui m’emmènent jamais danser et me laisse me dégueuler dans les caniveaux, à chaque passage à niveaux de la vie, niveau zéro, zéro envies. Mes mondes qui me traînent, qui me couchent, qui m’insomnisent, qui me parasomnisent, me paralysent dans des terreurs nocturnes et me giflent lorsqu’il est l’heure d’aller saluer la lune, la feuille de l’arbre qui bruisse, le pétale qui s’ouvre, et le pétrole pour prendre ma turne, se barrer à l’autre bout de nulle part, quelque part, quelque part où aucun de ces mondes ne me suivra à la trace, ni le leur, ni le vôtre, ni le mien, quelque part où, rien.

Comment on fait pour le faire, son monde, avec tous ces mondes, ces mondes immondes qui nous inondent le dedans, qui nous font tomber sur les dents, qui glapissent derrière notre dos, et qui nous dorlotent pour avoir chaud là où il fait froid, sous le cagnard des années qui s’empilent dans nos os, à yeuxter les aubes qui se répètent, stroboscope, sous nos paupières closent, celles du passé qui tournent en boucle, en flash, en trauma, ou juste celles, celles où tu n’es plus là.

Et toi, dis, comment tu fais toi? Avec tous ces mondes en toi?

Qu’est ce qu’il faut faire de tous ces mondes en nous?

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